Raymon VI

Raymond VI de Toulouse (Saint-Gilles (Gard), 27 octobre 1156 – Toulouse, 2 août 1222) fut comte de Melgueil (Raymond IV) de 1173 à 1190 puis comte de Toulouse, de Saint-Gilles, de Rouergue en 1209, duc de Narbonne, marquis de Gothie et de Provence de 1194 à 1222. Il était fils de Raymond V, comte de Toulouse, de Saint-Gilles, marquis de Gothie et de Provence et duc de Narbonne et de Constance de France, sœur du roi Louis VII.

Raymond VI est un prince plus politique que belliqueux. Il se montrera calculateur, temporisateur et d’une grande souplesse politique, faisant mine de se soumettre à plusieurs reprises pour mieux se redresser au meilleur moment. Cela lui a permis de reprendre à Simon de Montfort le comté de Toulouse. Cultivé, il compte parmi ses amis nombre de troubadours.

Raymond V meurt en décembre 1195. Son fils est intronisé le 6 janvier 1195.
Richard Cœur de Lion, libéré des geôles autrichiennes et revenu dans ses états, reprend à son compte les prétentions des ducs d’Aquitaine sur le Toulousain, mais doit compter avec l’opposition de Philippe Auguste, roi de France.
Plutôt que se lancer dans une guerre hasardeuse, il préfère conclure une alliance avec le comte de Toulouse.
Raymond VI répudie Bourgogne, épouse Jeanne d’Angleterre à Rouen en octobre 1196, et reçoit en dot l’Agenais et le Quercy. Pour ne pas perdre un allié, Philippe Auguste donne au comte de Toulouse la ville de Figeac.

Durant les années qui suivent, le catharisme se propage dans le comté de Toulouse et dans des vicomtés languedociennes, sans que Rome, qui ne réalise pas l’ampleur de l’hérésie, ne s’en inquiète.
Comme ses prédécesseurs, Raymond VI est en litige avec l’abbaye de Saint-Gilles à propos des bénéfices de l’abbaye et de sa répartition. La lutte lui vaut une excommunication dès 1196, qui n’est levée qu’en 1198. Mais il gagne l’amitié de Roger II Trencavel et la paix règne dans le Languedoc avec ses principaux vassaux qui sont, outre les Trencavel, le comte d’Armagnac, le comte de Comminges, le comte de Foix et les vicomtes de Montpellier, de Nîmes, de Greze, de Rodez.

Cependant le lien féodal est beaucoup plus relâché que chez les capétiens, et l’individualisme et l’insubordination est souvent la règle.
Veuf de Jeanne d’Angleterre, Raymond se remarie avec Eléonore d’Aragon. Ainsi, il a fait la paix avec les fils des deux ennemis de son père.
À Toulouse, il maintient les libertés communales, multiplie les exemptions fiscales et étend la sauveté à tout le territoire communal.

Mais Raymond VI est soupçonné d’une coupable indulgence vis-à-vis de l’hérésie cathare. Depuis 1203, un moine cistercien, Pierre de Castelnau est envoyé par le pape Innocent III pour lutter contre l’hérésie dans le Midi de la France. Raymond VI refuse de collaborer avec le légat. Ce dernier l’excommunie et jette l’interdit sur le comté. L’assassinat de Castelnau, le 15 janvier 1208, par un écuyer du comte qui l’embroche, provoque le courroux du pape qui confirme l’excommunication contre Raymond VI accusé d’être pour le moins l’instigateur du crime. Innocent III lance alors un appel à la croisade des Albigeois auprès de Philippe-Auguste, suzerain théorique du comte de Toulouse, mais le roi de France se dérobe. Raymond VI obtient d’en être relevé en s’humiliant publiquement sur le parvis de l’église de Saint-Gilles (amende honorable en braies et chemise), le 18 juin 1209.

Dès lors, Raymond VI accompagne la croisade, plus en observateur qu’en combattant, se compromettant ainsi aux yeux de son propre camp mais rendant par cette décision ses terres inviolables. Après les succès remportés par les croisés (prise et massacre de Béziers, siège et prise de Carcassonne et mort de Raymond-Roger Trencavel), la croisade dirigée depuis août 1209 par Simon IV de Montfort fait peser une menace sur sa personne et son fief.

Le 27 janvier 1213, Raymond VI rend hommage à Pierre II d’Aragon. Les deux hommes et le comte de Foix investissent en septembre 1213 Muret.

En novembre 1215 Raymond est à Rome, où le IVe concile du Latran débat du sort de son comté. Il est déchu de ses droits au profit de Simon de Monfort, mais le pape préserve le marquisat de Provence au profit de son fils, le futur Raymond VII. En mai 1216 le père et le fils sont accueillis triomphalement à Marseille et à Avignon.

Tandis que Raymond VI se rend en Aragon, le jeune Raymond, plus entreprenant que son père, met le siège devant Beaucaire qu’il prend le 24 août. Le 2 septembre 1217, il reprend Toulouse où Simon IV de Montfort met immédiatement le siège. Ce dernier y est tué mais son fils Amaury prend sa succession. Revenu à Toulouse, Raymond VI y décède, toujours excommunié, des suites d’une brève maladie le 2 août 1222.

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